Septembre 2020, le Musée d’Art Contemporain propose à PasserElles Buissonnières un nouveau stage artistique sous la direction de Fabienne Ballandras, artiste, professeur à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Lyon. Il est en lien avec l’exposition « Comme un parfum d’aventure » où Fabienne expose. Le stage va s’appuyer sur un des axes de ses travaux : la traduction d’un objet, d’un lieu à partir à partir de sa description. Le stage est prévu pour la fin novembre, une dizaine de femmes s’inscrivent.
C’est sans compter sur le Covid, et un nouveau confinement et il nous faut tout repousser au mieux en janvier 2021. Finalement il débute fin mars !
Mais entre temps, certaines femmes ont trouvé un autre stage, une formation, ou un travail, de plus de nouvelles femmes ont été accueillies à PasserElles. Une autre équipe toujours d’une dizaine de volontaires se dessine et jauge du Covid oblige, il faut deux réunions d’information pour leur expliquer le projet.
Elles sont originaires des Comores, du Rwanda, du Congo, de Guinée Konakry, d’Albanie, de Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Kosovo et de Lyon, Plus de la moitié n’est jamais entrée dans un musée, mais elles sont toutes avides de nouvelles découvertes et d’apprendre.
Le stage doit se dérouler sur trois vendredis après-midis consécutifs, Chacune apporte, en le cachant un objet insolite, peu facilement identifiable. Ce dernier point pose un léger problème, lors d’un exil, on emporte peu de choses sinon le strict nécessaire, qu’importe Fabienne pourvoit à tout manque d’objet
Elle est assistée par trois de ses élèves des Beaux Arts,
L’accueil au Mac, avec café petits gâteaux les met toutes à l’aise et après des présentations réciproques, c’est en confiance qu’elles partent visiter l’exposition où Fabienne leur explique son travail, explication complétée ensuite en atelier avec des catalogues, des présentations de travaux d’autres stages. A partir d’un exemple concret, elle explique le déroulé du stage . Petit à petit, elles comprennent la démarche artistique de Fabienne, il est temps de passer à la pratique.
Trois petits groupes se forment, éloignés les uns des autres, en tenant compte si nécessaire des possibilités de traduction. Chacune sort son objet de sa cachette, il faut les décrire, individuellement et collectivement oralement, être précises, couleur, forme, taille, matériau, agencement des volumes, Dans chaque groupe, les étudiantes notent très exactement par écrit, erreurs comprises, toutes les informations données,
En fin de séance, les 10 objets étant décrits, les trois groupes se rassemblent, les descriptions sont lues, Toutes échangent sur les descriptions. Fin d’un premier après-midi dense. Rendez-vous est pris pour la séance suivante pour réaliser les objets à partie des descriptions.
Hélas, dans la semaine, Fabienne et ses étudiantes apprennent qu’elles sont cas contacts liés à l’école des Beaux Arts, il faut un nouveau report, de nouvelles dates en avril sont envisagées.
Début avril, les nouvelles mesures sanitaires interdisent tout stage au Musée, tout est reporté fin mai.
Nombre de nos stagiaires ne peuvent se libérer facilement et c’est à quatre puis à trois qu’elles finiront le stage.
Les deux derniers jours sont consacrés à la réalisation des objets décrits à partir des écrits recueillis. Sur une grande table, sont réunis des matériaux, de la peinture, de la colle, des objets, Il faut trouver, choisir, la bonne forme, la créer éventuellement.
Le travail est individuel et collectif, celle qui sait dessiner le fait pour les autres, les étudiantes et Fabienne les aident dans la réalisation des objets : « on construit !»
Qu’elles aient suivi l’ensemble du stage, ou une partie seulement, elles s’accordent sur son intérêt. Elles ne regardent plus un objet de la même façon, en s’interrogeant désormais sur « comment a-t il été fait ?».
La démarche de décrire, écrire, lire, dessiner, créer, fabriquer, les a étonnées, une première pour toutes. Elles ont découvert la complexité de la démarche d‘une artiste : « à partir de rien on peut créer » !
Elles ont été obligées de faire « marcher leur cerveau » pour rechercher, trouver, comment réaliser les objets mais également trouver les mots exacts, encore plus quand elles ne maitrisent pas parfaitement le français.
Ce n’est pas si simple de décrire, il faut observer, être précis, la description la plus sincère peut ne pas être réaliste, elle peut même induire en erreur. Il y a un parfois un « problème de communication entre le visuel, le verbal et les idées ».
Décrire un objet sans avoir une notion de son usage est encore plus difficile, En communication, les mots choisis entrainent l’imagination, d’où des différences entre l’objet de départ et celui de l’arrivée.
La patience et l’attention de Fabienne, l’aide des étudiantes, en particulier pour la traduction par écrit de tous les dires, « elles étaient comme nos secrétaires », ont été déterminantes dans leur implication.
Le livret résultant de toute cette expérience, réalisée par Fabienne avec des photos d‘Yveline Loiseur leur permet maintenant de se replonger dans la démarche artistique et peut être d’en inventer une…