Le vendredi 14 octobre nous avons eu l’honneur de recevoir Majo Hansotte, formatrice à Liège au sein de l’association DELFI, afin d’apprendre à « activer les intelligences citoyennes » et travailler sur le juste et l’injuste. Sept femmes accompagnées étaient présentes ainsi que six bénévoles et salariés de l’association. Ce fut une belle journée d’échange et de partage.
Celle-ci a commencée par petits groupes : nous avons réfléchi et partagé des situations qui nous mettaient en colère ou nous révoltaient dans notre vie actuelle ou celles de nos proches. Après en avoir choisi une ou deux par groupe, nous les avons écrites sur des grandes feuilles blanches et accrochées sur un fil avec des pinces afin qu’elles puissent être visibles de tous. L’objectif étant, que des affiches de ce type, écrites dans la rue et lues par des passants, puissent véhiculer rapidement une compréhension de l’injustice.
Après avoir lu ensemble les différentes affiches nous avons choisi celle avec laquelle nous voulions travailler sur la matinée : «A., en France depuis 16 ans, est logée depuis 2009 à titre humanitaire dans une chambre sans commodité (toilettes communes) et elle vit entourée de personnes menaçantes alcooliques et droguées. On lui a dit « Si ça ne vous plait pas, allez voir ailleurs ».
Nous avons écrit cette phrase sur une grande fresque de papier craft, puis chacun a été invité à écrire, dessiner ce que cette phrase lui évoquait en laissant libre cours à la spontanéité et à la créativité.
Afin de passer du ressenti individuel au ressenti collectif, chacun a choisi une partie de la fresque qui était parlante pour lui, et a exposé aux autres la raison pour laquelle cette partie de fresque était importante à ses yeux.
Nous avons ensuite travaillé en petit groupe afin de pouvoir exprimer ce ressenti de façon artistique. C’est ainsi qu’un groupe l’a représenté sous forme de statues, un autre sous forme de dialogue, un troisième sous forme de danse et le dernier sous forme d’affiche. Nous avons ensuite partagé nos créations avec des autres participantes. Ce travail a permis de mettre en avant de vraies capacités à exprimer nos émotions, mais également des messages forts au travers des différents domaines artistiques. Nous avons réalisé que cela pouvait être utilisé à plus grande échelle dans l’espace public afin de faire passer des messages.
Le milieu de journée a été l’occasion de partager un repas toutes ensembles, chacune ayant été invitée à amener un plat ou un dessert à partager. Au fil des discussions variées, nous avons échangé notamment sur le système médical et de protection sociale en France en comparaison avec les autres pays.
Après le repas, nous nous sommes réunies de nouveau en petits groupes afin de travailler ensemble sur des revendications en rapports avec les situations mises en exergues sur les affiches écrites en début de journée. Un groupe s’est attelé à la question du logement dans le cadre de l’exil, un autre sur la question des démarches administratives éreintantes, un sur celle de l’accès à la cantine pour les enfants des femmes seules isolées. Cela a permis là encore de mettre en exergue des propositions de changement que chaque groupe a ensuite présenté aux autres participantes.
En déroulant ensemble le fil de journée, celle-ci nous a permis de passer d’une situation d’injustice vécue personnellement à une démarche commune de revendications ainsi que de propositions de réflexions et d’actions. Le partage des situations vécues comme injustes ont permis à certaines des participantes de mettre des mots sur leur mal être. Elle a également mis en avant le soutien que le groupe peut apporter dans ces circonstances et le fait que des solutions sont possibles, porteuses d’espoir. L’ensemble des participantes fut ravi de ce travail mené d’une main de maître par une Majo Hansotte charismatique et enthousiaste. C’est ainsi que s’est terminée cette très belle journée dans une ambiance chaleureuse et bienveillante.