Il y a 20 ans, le Protocole d’Istanbul

Il y a 20 ans, le 9 août 1999, le « Protocole d’Istanbul, Manuel pour enquêter efficacement sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » était adopté par l’Assemblée générale des Nations unies.

Coordonné par  Önder Özkalipçi (médecin légiste et membre de Human Rights Foundation of Turkey), Caroline Schlar (psychologue et membre d’Action for Torture Survivors (HRFT) à Genève) et Vincent Iacopino (Physicians for Human Rights à Boston), la rédaction du Protocole a pris plus de 3 ans et a mobilisé une équipe de plus de 70 expertes et experts d’une quinzaine de pays différents et de disciplines différentes : médecins, psychologues, expertes et experts, juristes, avocates et avocats, observatrices et observateurs des droits humains,…

Depuis 2015, Passerelles Buissonnières milite au côté d’autres organisations en France ou ailleurs dans le monde pour que ce Protocole soit mieux connu des acteurs qui interviennent auprès des personnes victimes de tortures ou de traitements inhumains, notamment dans le cadre des procédures d’asile. Dans ce cadre, depuis 2018 nous avons déployé un réseau de partenaires pour  construire un laboratoire expérimental sur deux ans s’inscrivant dans le respect des préconisations du Protocole.

A l’heure où les politiques d’asile en France et en Europe se durcissent pour satisfaire à des exigences présupposées des citoyennes et citoyens, sous la pression électorale réelle et préoccupante des partis xénophobes et populistes, il est plus qu’urgent de veiller à ce que les valeurs qui fondent la démocratie à laquelle nous croyons soient respectées. Réduire les délais d’instruction coute que coute, stigmatiser celles et ceux qui ont fuit les conflits et/ou les persécutions, mettre la pression sur les victimes au nom d’une lutte quasi paranoïaque contre la fraude et le mensonge au détriment du respect élémentaire de la présomption de bonne foi, déshumaniser les procédures au nom de la technologie vertueuse sont autant d’orientations politiques qu’il nous faut contrer. Au nom des valeurs qui sont les nôtres. Au nom des principes et préconisations fondées sur une expertise solide présentes dans le Protocole d’Istanbul. Protocole ratifié par la France mais trop vite oublié. Il est donc urgent d’agir !

 

Partagez

Les commentaires sont fermés